Pourquoi évaluer la profondeur de l’équipe du Portugal sur la Ligue des nations est statistiquement absurde

J’ai passé dix ans à développer des modèles prédictifs pour ESPN Stats+ basés sur les données de suivi des joueurs et les métriques de fatigue. Alors quand j’entends des commentateurs dire « Le Portugal a prouvé qu’il était prêt pour la Coupe du monde en remportant la Ligue des nations », je dois m’arrêter.

C’est comme dire qu’un marathonien est en forme parce qu’il a gagné un 800 mètres. Les conditions ne sont pas comparables.

Le vrai test : pression durable et densité de matches

Dans les vrais tournois internationaux — Coupe du monde, Euro ou même Club World Cup — les équipes nationales disputent six à sept matchs, souvent avec moins de trois jours entre chaque rencontre. Ajoutez les doubletes et les prolongations ? C’est là que la véritable profondeur d’équipe et l’endurance mentale sont mises à l’épreuve.

La Ligue des nations ? Deux matchs au maximum dans la phase finale — demi-finale puis finale — espacés sur deux semaines. Ce n’est pas un tournoi ; c’est une série prolongée d’exhibition, habillée en championnat.

Le mythe du « championnat national »

Soit dit en passant : remporter la Ligue des nations n’est pas sans mérite. Mais prétendre que cela reflète une réelle préparation pour une coupe mondiale est trompeur.

C’est comme comparer une pomme à une simulation algorithmique : toutes deux ont une forme fruitière dans l’espace numérique, mais seule celle-ci nourrit le corps.

Le format récompense la régularité plutôt que la survie — ce qui est acceptable si on cherche à optimiser les points dans un système de league. Mais quand il s’agit d’évaluer la profondeur face aux grandes compétitions ? Il nous faut d’autres données.

Les métriques de charge ne mentent pas

Mon équipe chez ESPN a conçu des cartes thermiques montrant l’augmentation drastique de charge physique lors des phases éliminatoires par rapport aux groupes. En 2022, lors des qualifications pour le Mondial, l’effort physique moyen par match augmentait de 38 % durant les barrages par rapport aux premiers tours.

Les finales de Ligue des nations ? Presque aucune augmentation. Aucune fatigue accumulée. Aucun problème de rotation.

Alors oui — le Portugal a battu la France en finale l’an dernier. Mais l’a-t-il fait après avoir joué quatre matchs éprouvants en 14 jours avec blessures et rotations contraintes ? Non.

Ce n’est pas une preuve d’aptitude cup ; c’est une preuve d’exécution tactique sous faible pression.

Un appel à l’évaluation contextuelle (et à de meilleures métriques)

En tant que personne qui vit par les chiffres mais aussi porte fièrement le bleu des Bulls depuis Chicago, je pense que nous devons offrir aux fans une analyse plus fine que ces titres simplistes.

Arrêtons de confondre résultats courts avec préparation long terme. Si on veut juger comment le Portugal gère la pression dans un grand tournoi, regardons son parcours dans des vraies compétitions : le parcours dramatique jusqu’en finale en Euro 2016 sous la pluie ; sa sortie au semifinaliste au Qatar 2022 ; son élimination fatiguée aux quarts de finale cette année en UCL (oui, même le football club teste l’endurance).

Les données ne se soucient pas des trophées — elles se soucient du contexte.

Alors, la prochaine fois qu’on dira « Le Portugal s’est prouvé » grâce à sa victoire en Ligue des nations… demandez-leur : *Combien de matchs complets consécutifs ont été joués ? Un joueur s’est-il blessé pendant une rotation ? y avait-il eu prolongation ? The answer will tell you everything.